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Channel: systémique – les 7 du quebec

LA DÉFLATION VA TUER L’ÉCONOMIE

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Source : (Comme nous le prédisons depuis des mois, le mode de production capitaliste (MPC) est au bout du rouleau,

Les banques en faillite pourront saisir votre argent !

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Source :  INFOBREF, no  425. Mars 2016.  Gérard Bad. Paris.   Publié le 22/12/2015 – Seuls les comptes ayant plus

DÉFLATION, LE DERNIER TOURMENT AVANT LA GRANDE DÉPRESSION

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Robert Bibeau.  Producteur. http://www.Les7duQuebec.com   Depuis des années nous attestons que s’il y a crise économique systémique globalisée ce n’est

La reflation en Chine : une hypothèse prématurée?

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Source :  Xavier Dupret.  Le 22.04.2017.  Sur  Agoravox. Paris.

 

Les observateurs, d’habitude si prudents depuis l’éclatement de la crise en 2007-2008, se montrent, pour une fois, plutôt optimistes. A la faveur de ces emballements, un mot revient en boucle : la RE-FLA-TION. De quoi s’agit-il ?

La reflation désigne, tout lyrisme mis à part[1], la reprise contrôlée de l’inflation après une période de déflation. Cette reprise intervient après une politique de relance de l’activité économique impliquant des déficits budgétaires et/ou une baisse des taux d’intérêt.

Tout part de Chine

Bref, l’économie repart. Et la croissance aidant, le niveau moyen des prix se remet à bouger vers le haut. Le scénario de reflation tel qu’on l’évoque aujourd’hui tient fondamentalement à l’évolution du niveau des prix en Chine.

Il est vrai que l’on constatait un phénomène de décollage des prix à la production en Chine au mois de février (+7,8% sur un an pour être plus précis)[2]. Il s’agit là du rythme le plus élevé pour cette donnée depuis septembre 2008.

Une dynamique de rattrapage des prix serait donc à l’œuvre en Chine. L’Empire du Milieu aurait cessé d’exporter de la déflation. Cette tendance devrait, selon certains analystes, relever durablement le niveau des prix des produits chinois à l’exportation et partant, diffuser cette embellie à l’échelle mondiale.

Le pire serait donc derrière nous. Vraiment ? Attention, mine de rien, au syndrome des lunettes roses.

On rappellera, en effet, qu’un mouvement de reflation n’est abouti qu’à partir du moment où les politiques expansives ont permis au niveau de prix de retrouver leur niveau d’avant l’entrée en déflation.

Or, ce n’est toujours pas le cas en Chine. En effet, les prix n’y ont pas encore retrouvé leur niveau de 2012[3].

C’est à cette date que l’Empire du Milieu s’est enfoncé dans une crise directement liée à des surcapacités de plus en plus importantes. De ce point de vue, il s’avère particulièrement hasardeux d’avancer que ces excédents seraient aujourd’hui en nette diminution.

En effet, on constate que les prix à la consommation en Chine ont continué à stagner au cours du deuxième semestre 2016. Convenons qu’il ne s’agit pas là d’un signe évident de reflation.

Au début de cette année, le rythme de progression sur un des prix à la consommation était au plus bas depuis le premier trimestre 2015 comme nous le prouve le graphique suivant.

On notera que la hausse des prix à la production ne s’est pas du tout répercutée sur les prix à la consommation intérieure. Cet état de choses a priori surprenant indique que la consommation intérieure en Chine n’est pas soutenue et ne permet donc pas une hausse autoentretenue des prix. D’après des sources alignées sur les positions du Parti communiste chinois, les données établies pour le mois de mars ne sont pas de nature à infirmer ce tableau clinique. Les prix à la consommation en Chine ont grimpé de 0,9% en mars. On ne note aucune modification de fond pour cette donnée qui reste morose. Par contre, la progression de l’indice des prix à la production est retombée à 7,6% le mois dernier[4]. C’est là un plus-bas en six mois.

Nuages noirs

Ces constats posent évidemment un souci majeur. En effet, jusqu’à présent l’évolution des prix à la consommation en Chine oscillait autour des 2% annuels en moyenne (c’est ce à quoi renvoie la courbe en pointillé CPI Avg). Cette tendance de fond a, jusqu’à présent, permis d’éviter la chute de l’économie chinoise en zone de déflation. Il se trouve que le ralentissement de la progression des prix à la consommation constaté depuis février 2007 est important (0,85% en rythme annuel).

Côté demande, la faible progression des prix à la consommation indique clairement que la hausse des prix ne se généralise pas en raison d’une demande intérieure qui reste structurellement faible. On expliquera donc la tendance haussière des prix à la production par un soutien accru des autorités chinoises aux entreprises locales.

La stimulation de l’économie chinoise a mobilisé en 2016 10% du PIB si on intègre les mesures relevant du domaine quasi-budgétaire. Ces dernières doivent s’appréhender comme relevant de l’activité de la Banque populaire de Chine (BPC).

Comme toutes les banques centrales, la BPC peut se livrer à des opérations financières ayant la même fonction que les impôts et les subventions. Dans le cas d’une banque centrale, les activités quasi-budgétaires ressortissent « au double rôle de cette institution qui, d’une part, est chargée de réglementer le système de change ainsi que le système financier et qui, d’autre part, agit comme le banquier de l’Etat » [5].

La politique quasi-budgétaire de la BPC amène cette dernière à prêter à tour de bras et surtout à taux réduits à tout ce qui peut, de près ou de loin, soutenir l’activité économique en Chine. Les prêts des banques publiques doivent donc également être intégrés dans le volet quasi-budgétaire de l’action des pouvoirs publics.

Or, Pékin a particulièrement mis à contribution son vaste réseau de banques publiques. Celui-ci a, par exemple, émis des emprunts obligataires afin de financer des projets d’infrastructure dont l’utilité n’est pas toujours évidente. Il en va de même d’un grand nombre de projets soutenus aujourd’hui par les pouvoirs publics en Chine.

Au total, les appels de fonds des autorités publiques ont conduit à un évincement sur le marché des capitaux des investissements privés (phénomène dit de crowding out)[6]. Cet état de choses explique qu’en dépit de ces mesures de soutien, la croissance chinoise connaisse un essoufflement continu depuis 2015.

Or, comme nous l’avons vu, cette politique a également eu pour but de soulager les entreprises présentant des surcapacités structurelles. Ces dernières sont soutenues à bout de bras et ont pleinement accès au crédit.

Cette orientation se traduit par le fait que la dette des entreprises privées équivaut aujourd’hui à près de 170% du PIB chinois alors que le total des dettes privées et publiques représente 250% du PIB. Mais plus la croissance stagne et plus la profitabilité de ces entreprises va en diminuant.

De plus en plus d’entreprises éprouvent, en effet, des difficultés à disposer des revenus permettant le remboursement de ces crédits. Cet état de choses constitue naturellement une pression sur les bilans des banques chinoises.

La multiplication des crédits douteux en Chine est évidente. A la fin de l’année 2012, les prêts douteux dans les bilans des banques chinoises représentaient 400 milliards de yuans.

Cette progression a été pour le moins fulgurante. A l’été 2016, soit un peu moins de 4 ans plus tard, ce montant équivalait à près de 1,5 billion de yuans (c’est-à-dire 1.500 milliards de yuans). Il s’agit d’une multiplication par quatre en quatre ans.

Certes, ces prêts dont le remboursement apparaît aujourd’hui hasardeux ne représentent pas grand-chose par rapport au Produit intérieur brut (PIB). En 2016, ce dernier était de 69.000 milliards de yuans (à peine plus de 2% du PIB).

A priori donc, rien d’inquiétant. Mais il faut toujours se méfier des a priori. Le shadow banking n’est pas repris dans ce graphique. En intégrant ce segment fort peu régulé de l’économie nationale, le Fonds monétaire international (FMI) a calculé que les actifs risqués du shadow banking équivalaient à 30% du PIB chinois[7]. Le shadow banking se caractérise par l’arrivée sur le marché du crédit d’une nouvelle catégorie d’acteurs non bancaires et, à ce titre, fort peu concernés par le timide mouvement de régulation du secteur depuis une dizaine d’années. Le potentiel de destruction provenant du shadow banking ne se limite pas à la Chine. Aux Etats-Unis, la proportion du shadow banking dans les prêts immobiliers a quasiment triplé depuis 2007. Elle représente aujourd’hui plus du tiers de du crédit immobilier US. Leur part est passée de 14% en 2007 à 38% en 2015. « Et c’est surtout auprès des emprunteurs les moins solvables que ces nouveaux prêteurs se sont le mieux implantés. Leur part est passée sur ce marché de 20 à 75% entre 2007 et 2015 » [8]. L’économie mondiale est donc minée en raison de l’activité de ces acteurs, non seulement en Chine mais aux Etats-Unis également.

A l’heure actuelle, d’après Fitch et CSLA, le total des prêts non-performants dans l’économie chinoise oscilleraient aujourd’hui entre 15 et 17% des bilans bancaires. Il s’agit là de niveaux comparables à ceux de l’Italie, de l’Irlande et du Portugal aujourd’hui[9].

La bulle

Cette multiplication des crédits douteux va de pair avec le tarissement de la croissance en Chine. Ce dernier présente un caractère structurel.

En 2010, la croissance du PIB en Chine était de 9,65% en 2008. Elle avait chuté à 6,9% en 2015.

On entend souvent dire que l’économie chinoise tourne le dos à son passé d’ « atelier du monde », selon une expression usée jusqu’à la corde, pour faire reposer son modèle de croissance sur la consommation intérieure. L’évolution des prix à la consommation vient contredire l’idée que cette réorientation s’opère sans difficultés majeures.

Le soutien aux entreprises excédentaires apparaît de plus en plus comme un moyen de privilégier l’offre au détriment de la demande puisque la croissance du PIB procède d’un gonflement des activités d’entreprises inefficientes du point de vue de l’allocation des ressources. Dans ces conditions, la diminution de la croissance du PIB relève moins d’un choix de politique économique que d’un essoufflement des mécanismes d’accumulation qui ont fonctionné dans le passé. Par conséquent, le crédit fonctionne, dans ces conditions, comme un emplâtre sur une jambe de bois.

Par ailleurs, ce schéma s’avère de plus en plus dangereux. La politique de relance par des mesures quasi-fiscales s’accompagne, comme nous l’avons vu, d’un gonflement important du crédit en Chine. Un instrument de mesure existe et permet d’en mesurer l’importance. Il s’agit du credit to GDP gap qui se définit comme la différence entre le ratio des crédits accordés au secteur privé non-financier rapporté au PIB et sa tendance attendue à long terme. Ce ratio est utilisé pour anticiper des crises bancaires.

En l’espèce, il se trouve que la Chine détient des records pour cet indicateur. Le credit to GDP gap de la Chine était de 27,2 en 2015. Pour les trois premiers trimestres de 2016, ce chiffre passait à 27,7[10].

Il se trouve qu’au-dessus de 10 %, nous sommes bien en présence d’un risque de suractivation du crédit et de difficultés bancaires en perspective. On a coutume de dire qu’une économie saine se caractérise par un credit to GDP gap compris entre 2 et 10. L’économie chinoise se situe bien au-delà de ces niveaux et n’est battue que par … Hong Kong (38,7 en 2015)[11].

Collatéralement, la montée du crédit a, au cours des dernières années, alimenté la bulle immobilière en Chine. Et jusqu’à présent, rien ne semble arrêter cette tendance haussière.

Les chiffres livrés par le Financial Times révèlent que les prix de l’immobilier chinois continuent à progresser. « A l’échelle de tout le pays, le prix des logements s’était caractérisé par une augmentation sur une période d’un an de 11,8% en février 2017 ». Ce mouvement fait suite à une hausse de 12,2% en janvier 2017[12].

Par ailleurs, le gouvernement chinois a besoin de la construction pour doper les chiffres de croissance du PIB. C’est ainsi que les chiffres de croissance prévus au Plan ont été atteints l’an dernier grâce au secteur de la construction.

L’atterrissage en douceur de l’immobilier et de la construction constitue un sujet de la plus haute importance pour le gouvernement chinois qui se retrouve, pour le coup, face à un dilemme cornélien. S’il pratique une politique résolument restrictive, c’est la croissance de toute l’économie qui risque de toucher le fond.

D’un autre côté, il lui est également impossible de laisser la bride sur le cou à la spéculation immobilière et ce, afin d’éviter une correction trop brutale par la suite. C’est l’option qui semble avoir été choisie puisque la croissance économique de la Chine qui a accéléré à 6,9% au premier trimestre a surtout été portée par un boom des investissements dans l’immobilier et les infrastructures. Ce boom a pour contrepartie une explosion des crédits dans la sphère très peu régulée du shadow banking.

Le point d’arrivée de cette « stratégie » consistera plus que vraisemblablement en une dégradation de la solvabilité des banques vu la masse des crédits douteux au sein de l’économie chinoise. C’est ainsi qu’à la fin de l’année 2016, la Banque des règlements internationaux (BRI) donnait trois ans à la Chine avant de connaître une crise financière majeure.

Pressions à la baisse

La récente augmentation des taux d’intérêt à la mi-mars 2017 n’est, d’ailleurs, pas de taille à ralentir la bulle du crédit au sein de l’économie chinoise. Les taux d’intérêt des prêts à moyen terme pour les prêts à six mois et à un an ont augmenté chacun de 10 points de base (0,10%) pour atteindre respectivement 3,05% et 3,2%.

Il s’agit là, d’évidence, d’une augmentation trop faible pour pouvoir porter un coup d’arrêt à la vague de spéculation sur l’immobilier local. En revanche, le gouvernement s’est résolu à baisser son objectif de croissance après ce tour de vis.

A moyen terme, on n’imagine pas le gouvernement chinois être, dans ces conditions, capable de mettre fin à la fuite des capitaux qui frappe le pays de façon structurelle depuis 2014.

Les réserves de change de la Chine ont baissé de 25% depuis l’été 2014. Elles sont ainsi passées de 4.000 à 3.000 milliards de dollars. Le drame commence à prendre forme avec d’un côté, des acteurs de marché que rien n’incite à la prudence et de l’autre, une économie nationale qui perd des liquidités. Le recours à l’emprunt pour financer l’économie ne va, dans ces conditions, pas diminuer.

En cas d’éclatement d’une crise bancaire majeure, le resserrement du crédit qui suivra conduira à un mouvement de pression à la baisse sur les prix en Chine. Ce d’autant que la baisse de l’inflation a pour effet mécanique d’augmenter le poids relatif des dettes dans les bilans des acteurs selon un mécanisme bien identifié par Irving Fisher dans les années 1930[13]. Bien sûr, la Chine dispose d’immenses réserves (3.000 milliards de dollars).

Cela dit, le PIB de la Chine en 2016 était de 11.000 milliards de dollars. Et si les prêts douteux, comme l’affirme Fitch, représentent 15% des bilans bancaires en Chine et que ces derniers pèsent pour 300% du PIB[14], on comprend vite que la Chine, en cas d’explosion de la bulle immobilière, ne peut plus se reposer de façon structurelle sur ses réserves. La raison en incombe à l’augmentation des actifs bancaires depuis 2012. En prenant pour base de calcul des bilans bancaires équivalents à 240% du PIB[15], on s’aperçoit que la masse des crédits douteux en Chine est de nature à absorber la totalité des réserves du pays. L’éclatement de la bulle immobilière ne pourrait que contribuer à déstabiliser une situation, par ailleurs, déjà passablement critique.

Le canal de transmission de la vague de pression à la baisse sur les prix, en cas de crise bancaire en Chine, sera, en tout point, identique à celui qui caractérise l’actuelle vague de reflation. La transmission de l’évolution des prix en Chine vers les autres pays émergents s’effectue via le commerce des matières premières. Pour les pays développés, c’est le commerce des biens fabriqués en Chine qui alimente la tendance sur les prix.

Reflation ? Vraiment ?

En ce qui concerne la reflation des matières premières, on signalait déjà une tendance au tassement au début de cette année. La cause en revient principalement à la reprise de la production dans les pays exportateurs[16]. En réalité, la reflation sur les matières premières était principalement due à une réduction de l’offre. On peut donc s’attendre à ce que cette source d’augmentation des prix s’estompe progressivement au cours de l’année 2017. Pour mémoire, les matières premières comptent pour 30% de l’indice des prix à la production en Chine[17].

De surcroît, le recul de l’activité économique en Chine ne devrait guère favoriser la reflation dans les mois à venir. C’est ainsi que l’indice HSBC pour la production industrielle en Chine était, en mars 2017, à son plus bas niveau depuis l’été 2016. A l’heure où ces lignes étaient écrites (avril 2017), on constatait que l’indice PMI de l’activité manufacturière en Chine avait reculé à 51,2 points en mars, après 51,7 le mois précédent. Les analystes l’attendaient à 51,6[18].

Il n’a pas fallu attendre bien longtemps pour que la vague de morosité se diffuse au secteur des matières premières. C’est ainsi que les cours du minerai de fer ont baissé à la fin du mois de mars en prévision d’une chute de la demande en Chine. A terme, le cours de l’ensemble des matières premières devrait accuser le coup[19].

L’augmentation de la production de pétrole devrait atteindre, toutes choses égales par ailleurs, 360.000 barils par jour aux Etats-Unis et un million de barils par jour en 2018. Si les pays producteurs décidaient de continuer, via un accord entre pays membres et non-membres de l’OPEP, à diminuer leurs productions respectives, la production de pétrole et de gaz de schiste semble être à même de prendre aisément le relais. Après tout, les Etats-Unis disposent, avec le gaz et le pétrole de schiste, de réserves leur permettant une autosuffisance pour 70 ans[20]. Le rebond des producteurs de pétrole schisteux US pourrait être de longue durée. En effet, le réveil du schiste a été rendu possible « par l’extraordinaire capacité des producteurs américains à abaisser leur point mort. Au début de la crise, celui-ci était estimé entre 70 et 80 dollars par baril. Les coûts ont baissé de plus de 40 % en deux ans. L’une des progressions clés a été la meilleure compréhension du sous-sol. C’est ainsi qu’à la recherche des zones les plus propices à l’exploitation, les compagnies américaines ont révélé le véritable potentiel du Permian basin au Texas »[21]. De surcroît, « la Chine avance aussi à grands pas [dans le secteur]. En 2017, les pétroliers nationaux, PetroChina et Sinopec, ont prévu de forer 110 puits dans la province du Sichuan et 600 à l’horizon 2020. À cette date, un tiers de la production du pays sera non conventionnelle ».[22] L’OPEP peut donc se faire du souci…

Pour ce qui est des pays développés, il apparaît que l’actuelle vague de reflation provient essentiellement du poids des importations chinoises dans leurs économies[23]. Rien ne permet d’entrevoir aujourd’hui une tendance endogène à la reflation dans les économies occidentales. La reprise économique aux Etats-Unis reste faible et n’a jamais dépassé les 2% depuis bientôt 10 ans. Pour l’année 2016, elle était de 1,6%. Il s’agit là d’un score historiquement faible puisque depuis 1949, jamais reprise économique ne fut aussi faible aux Etats-Unis.

L’économie états-unienne crée, certes, des emplois depuis octobre 2010. Cependant, les salaires n’ont pas évolué à un rythme spécialement soutenu. C’est une grande différence par rapport au passé. Entre 2006 et 2007, alors que le taux de chômage était aussi bas qu’à l’heure actuelle, les salaires avaient progressé de 4%. De même, la reprise industrielle doit, avant tout, s’envisager comme relevant fondamentalement d’un mouvement de rattrapage après la période morose de 2015 et 2016.

Dans la zone euro, l’inflation sous-jacente (ou core inflation) qui exclut les produits volatiles (comme l’énergie) est restée stable depuis mai 2016 en affichant un taux de 0,9%. Jusqu’à présent, l’inflation sous-jacente en zone euro n’a toujours pas retrouvé son niveau de mars 2016 lorsqu’elle était légèrement supérieure à 1%même si une toute petite amélioration est à signaler par rapport aux 0,8% de l’automne 2016[24]. Pour le Japon dont on dit un peu partout qu’il est sorti de la déflation, on fera tout de même remarquer que la core inflation au pays du SoleilLevant était, au début de cette année, de 0,1%[25].

Ces chiffres devraient inciter les responsables européens à ne pas lâcher trop vite les politiques monétaires accommodantes comme en témoignent les récentes déclaration de Mario Draghi qui excluait toute hausse des taux avant la fin du programme d’achats. Aux Etats-Unis, les politiques de quantitative easing ont été maintenues alors que les fondamentaux avaient déjà commencé à s’améliorer. Afin de pérenniser la sortie de crise, la Réserve fédérale américaine (Fed) a conservé ce type de politique alors que le taux de chômage avait atteint le taux de 5% en 2012.

Il est vrai que l’économie allemande est en situation de plein-emploi avec des pénuries de main d’œuvre dans certains secteurs et des hausses de salaires entretenant mécaniquement et de manière endogène l’inflation. C’est loin d’être le cas dans toute la zone euro qui affiche un chômage moyen de 9,6%. Si la BCE devait, contre toute attente, en terminer avec les politiques accommodantes, on pourrait raisonnablement craindre la répétition du scénario de 2011 lorsque les taux ont été augmentés de façon précipitée. Bien entendu, les divergences structurelles entre l’Allemagne et le sud de la zone euro[26] ne seront pas sans alimenter des tensions à l’avenir, tensions dont la BCE sera, un peu plus encore que d’accoutumée, le théâtre.

Sans ambages, il ne faut pas hésiter à rappeler que des forces peu propices à une reprise de l’inflation restent largement à l’œuvre. Une crise bancaire de grande envergure en Chine constitue l’hypothèse qui pourrait matérialiser un scénario de franche pression à la baisse sur les prix.

Le récent tour de vis opéré par la Banque populaire de Chine n’est pas de nature à porter un coup d’arrêt à la bulle immobilière en Chine. Si cette dernière devait continuer sur sa lancée, l’éclatement brutal qui suivrait serait de nature à déstabiliser en profondeur les bilans des banques chinoises surexposés à des crédits douteux.

Certes, l’inflation semble avoir structurellement repris du poil de la bête aux Etats-Unis avec une core inflation se situant autour de 2% depuis mars 2016. Cependant, le récent échec de Donald Trump sur le dossier de l’Obamacare rendait un peu plus improbable encore le scénario de franche reflation puisque les politiques trumpistes de relance devaient être financées par les économies réalisées dans les soins de santé[27]. Or, à l’heure où les taux remontent aux Etats-Unis, creuser les déficits ne sera donc plus aussi bon marché que par le passé.

On ne devrait guère, dans les mois qui viennent, noter la même résolution du côté des Européens où les niveaux d’inflation sont nettement plus faibles qu’aux Etats-Unis. Aux dernières nouvelles, les prix avaient augmenté de 1,1% dans la zone euro au lieu de 1,5% comme attendu par les analystes de la BCE[28]. Un tour de vis significatif sur les taux d’intérêt semble donc une option qui ne devrait pas avoir les faveurs de la BCE avant mars 2018.

Plus structurellement, la difficile mise en œuvre d’une politique de reflation doit être rapportée au fait que les investissements n’ont jamais été aussi bas aux Etats-Unis depuis les années 1930. Il s’agit là d’une donnée structurelle majeure pour la croissance de la production et la reflation de l’économie nationale. L’investissement net aux Etats-Unis en 2016 des secteurs privé et public réunis oscillait autour de 5% du PIB. La zone euro se caractérisait, pour sa part, par un taux d’investissement de 2%. L’investissement net au Japon était, pour sa part, inférieur à 0,5% du PIB[29].

Nous vivons décidément une époque formidable. Sinon intéressante. Même dans les pages du prestigieux Financial Times[30], on trouve des articles dont le contenu n’a pas grand-chose à voir avec le titre. En l’occurrence, l’article en question s’intitule « L’amélioration de l’économie mondiale est réelle (« The global économico recouvert Is for real« ) » mais se conclut par ces lignes : « Le niveau faible de l’investissement ainsi que de faibles gains de productivités permettent de douter de la durabilité de cette amélioration ».

En effet, la productivité par heure de travail aux États-Unis a progressé de 1,3% par an en moyenne entre 2004 et 2015 et a stagné autour de 0,5% entre 2010 à 2015[31]. La Chine est également affectée par ce problème. En 2015, les gains de productivité de l’économie chinoise (+6,6%) se situaient à leur niveau de 1999.

A cette époque, la crise asiatique avait heurté de front l’économie chinoise et cette chute des gains de productivité avait été brutale mais de courte durée. C’est ainsi qu’en 2001, la Chine retrouvait des gains de productivité proche des 8%. L’actuelle diminution des gains de productivité présente un caractère clairement structurel puisqu’elle est continuelle depuis 2010[32].

Des scores aussi faibles contredisent l’hypothèse d’une reflation rapide de l’économie mondiale. Le reste n’est que littérature…


[2] Les Echos, 9 mars 2017.

[3] Natixis, China Hot Topics, CHINA’S STRANGE REFLATION CONFIRMED BY INCREASING DIVERGENCE BETWEEN PRODUCER AND CONSUMER PRICES, 9 mars 2017.

[4] China Daily, 13 avril 2017.

[5] Fonds monétaire international (département des finances publiques), Ajustement budgétaire : principes directeurs, Washington, 1996, brochure n°49-F, p.20.

[6] BNP Paribas, China : expanding its fiscal horizons, 11 août 2016.

[7] Financial Times, 12 août 2016.

[8] Les Echos, 2 avril 2017.

[9] Autorité bancaire européenne, mars 2017.

[10] Banque des règlements internationaux (BRI), 2017.

[11] Ibid.

[12] Financial Times, 21 mars 2017.

[13] Fisher, I. (1933), The Debt-Deflation Theory of Great Depressions, Econometrica 1 (4), pp.337-357.

[14] Fortune, 27 octobre 2015.

[15] Grant Turner, Nicholas Tan et Dena Sadeghian, The Chinese Banking System, in Bulletin of Reserve Bank of Australia, September Quarter 2012, p.53.

[16] China Daily, 6 février 2017.

[17] Bloomberg, 17 janvier 2017.

[18] L’Usine Nouvelle, 1er avril 2017.

[19] Financial Times, 22 mars 2017.

[20] The Guardian, 6 juillet 2016.

[21] L’Usine Nouvelle, édition mise en ligne du 13 avril 2017.

[22] Ibid.

[23] Bloomberg, 14 février 2017.

[24] Eurostat, mars 2017.

[25] Statistics Bureau of Japan, février 2017.

[26] Financial Times, 4 janvier 2017.

[27] Financial Times, 30 mars 2017.

[28] Financial Times, 31 mars 2017.

[29] Ameco, mars 2017.

[30] Financial Times, 16 avril 2017

[31] OCDE, octobre 2016.

[32] OIT, septembre 2016.

Validation de la loi de la baisse des profits

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Titre original: Validation de la loi de la baisse des profits – une critique du volume « La Longue Dépression » de Paul Mattick jr.

 

Publié le 5 juin 2017 par M.L.  Sur  https://reconstructioncommuniste.wordpress.com/2017/06/05/paul-mattick-et-la-validation-de-la-loi-de-marx-une-critique-de-la-longue-depression/  (1)

Repris par  Robert Bibeau.  Le 7.06.2017. Sur  http://www.les7duquebec.com (2)

 

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Le week-end dernier, lors d’une session du Forum de gauche à New York, j’ai présenté les thèses de base dans mon livre The Long Depression. Mes arguments ont ensuite été soumis à une analyse critique par mes collègues invités, Paul Mattick Jnr et Jose Tapia. Toute la session a été enregistrée sur vidéo et paraîtra sur You Tube – Left Forum dans quelques semaines.

Nous sommes tous d’accord pour dire que la loi de Marx sur la baisse tendancielle du taux de profit est le fondement et la cause principale des crises sous le capitalisme (3). Cette opinion est minoritaire parmi les économistes marxistes, et encore moins d’autres économies hétérodoxes. Mais même si nous sommes d’accord sur cela, il reste beaucoup à débattre sur la façon d’expliquer et de valider la loi de Marx. Dans cette publication, je répondrai à la critique de mon livre que Paul Mattick a présenté. Dans la prochaine publication, je vais regarder la critique de Jose Tapia.

 

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Paul Mattick est professeur émérite de philosophie à l’Université Adelphi de New York et fils de cet éminent analyste économique marxien, Paul Mattick snr, qui a expliqué la théorie de la crise de Marx en période d’après-guerre et exposé l’économie dominante, en particulier la théorie et politique keynésienne. Paul Mattick jnr a continué le travail de son père avec autant de succès. Son livre, Business as Usual, est, à mon avis, la meilleure analyse du crash financier mondial et de la Great Recession facilement accessible aux non économistes – lecture essentielle.

La critique de Paul de mon livre se résume à la manière de valider la loi de la rentabilité de Marx en tant que théorie des crises. Comme il l’a dit dans son article de commentaire (Roberts Panel), il est d’accord pour dire que l’économie mondiale est dans ce qui pourrait être décrit comme une longue dépression et j’ai raison de dire que les politiques keynésiennes et monétaristes du courant dominant n’ont pas réussi à sortir le capitalisme de cette déprime.

 

Cependant, il considère ma tentative de validation de la théorie des crises de Marx en essayant de mesurer le taux de profit de manière marxiste comme impossible et inutile. « Ce n’est pas possible, fondamentalement parce que la valeur n’est représentée que par les prix, qui fluctuent indépendamment de la valeur ». Le taux de profit marxien ne peut être mesuré qu’en termes de valeur (temps de travail moyen) et pourtant toutes les statistiques officielles sont indiqués par le prix. Et pire encore, dans les prix du marché d’une monnaie en particulier. De telles mesures de prix varieront en fonction des valeurs indiqués par Marx (prix de la production), encore moins en fonction de la valeur. En tant que tel, toutes mes mesures de rentabilité « marxiennes » sont une perte de temps.

 

En outre, la plupart des mesures de rentabilité faites par moi et d’autres chercheurs sont des taux de profit nationaux et habituellement juste pour les États-Unis. De telles mesures, dit Paul, ne nous disent rien sur le mouvement de la rentabilité dans le capitalisme mondial (sous l’impérialisme néolibéral). Et la loi de Marx est basée sur l’étude de l’économie mondiale. Mais un taux mondial de profit avec un bon calcul de la plus-value totale au niveau mondial est impossible à mesurer. En fait, Paul soutient que nous n’avons pas besoin de « tester » la loi de Marx et sa théorie des crises avec de telles mesures statistiques. Nous pouvons valider la théorie de Marx par le fait même que les économies capitalistes entrent dans des rechutes récurrentes. Qu’il y a des périodes de prospérité et de croissance qui sont suivies par des périodes de dépression, comme maintenant. L’accumulation capitaliste ne peut pas permettre une expansion harmonieuse et soutenue de la production et, plus particulièrement, l’accumulation de capitaux. Et l’économie capitaliste ne peut pas fournir le plein emploi, etc. Paul dit: « Ce sont toutes les caractéristiques reconnaissables sans un appareil statistique significatif. Dans le travail de Marx, les données historiques pour la plupart fonctionnent pour illustrer, non pour tester des théories. Il n’est pas nécessaire d’entrer dans tous les détails de la mesure des taux de profit; C’est un exercice de futilité ».

 

Eh bien, je ne suis pas d’accord. L’utilisation d’événements ou de tendances générales pour «illustrer» la validité d’une loi peut aider. Mais ce n’est pas assez. Les retombées dans le capitalisme s’expliquent par d’autres théories comme le «manque de demande» keynésien, ou la «sous consommation» due aux bas salaires et aux inégalités croissantes (post-keynésien). Ou par l’échec des secteurs de consommation à croître en fonction des secteurs des biens d’équipement (théorie de la disproportion). Ou par une dette excessive (Minsky) ou «trop de profits» qui ne peuvent être absorbés (Revue mensuelle). Les «caractéristiques» des crises capitalistes peuvent également être utilisées pour «illustrer» ces théories alternatives. En effet, ce sont les explications les plus dominantes dans le mouvement ouvrier et les mêmes événements illustratifs sont utilisés pour les valider.

 

Pour justifier la loi de la rentabilité de Marx, je crois que nous devons approfondir nos connaissances scientifiques. Cela implique de mesurer la rentabilité et de la relier à l’investissement commercial et à la croissance et aux chutes. Ensuite, nous pouvons même faire des prédictions ou des prévisions de crises futures. Et seulement alors, d’autres théories peuvent être rejetées en utilisant un ensemble de preuves empiriques qui soutiennent la loi de Marx. Une telle approche peut être ambitieuse, mais ce n’est pas impossible. Tout d’abord, la loi de Marx peut être fondée sur la valeur du travail, mais elle est exprimée dans les prix. Les capitalistes commencent par le capital monétaire et finissent avec plus de capitaux monétaires dans le mode de production capitaliste à but lucratif. L’argent est le lien entre la valeur et le prix. Oui, les prix du marché peuvent et varieront nécessairement selon les prix de la production et les valeurs des produits. Mais ils sont encore attachés comme une ancre ou un yo-yo à l’évaluation du temps de travail, même si la valeur change sans cesse en raison des changements dans la productivité du travail. La valeur totale est toujours égale aux prix totaux.

 

Plusieurs chercheurs ont montré empiriquement la relation étroite entre les prix du marché et la valeur de la production. Et les prix monétaires peuvent être vérifiés empiriquement par rapport à la valeur du temps de travail. Par exemple, Cockshott et Cottrell ont décortiqué l’économie dans un grand nombre de secteurs pour montrer que la valeur monétaire de la production brute de ces secteurs est en corrélation étroite avec le travail simultanément dépensé pour produire cette production brute: Anwar Shaikh a fait quelque chose de similaire. Il a comparé les prix du marché, les valeurs de main-d’œuvre et les prix de production standard calculés à partir des tableaux d’entrées-sorties américains et ont constaté qu’en moyenne, les valeurs du travail s’écartent des prix du marché de seulement 9,2 pour cent et que les prix de la production (calculés selon les taux de profit observés) s’écartent des prix du marché de seulement 8,2 pour cent.

 

Et G Carchedi dans un article récent a montré que la validité de la loi de la valeur de Marx peut être testée à l’aide des données officielles des États-Unis, qui sont des prix dévalorisés en monnaie étrangère des valeurs d’utilisation. Il a constaté que la masse monétaire et les taux de profit se sont déplacés dans la même direction (tendanciellement à la baisse) et se suivent très étroitement. Carchedi et moi avons utilisé cela dans un document commun pour montrer comment le taux de profit dans les secteurs qui créent de la valeur et de la plus-value dans l’économie américaine n’est pas si loin du niveau de rentabilité globale de l’ensemble de l’économie.

 

Cela m’amène à une autre critique de mon approche par Paul. Il dit que le profit marxien est l’excédent total produit par le travail productif dans une économie alors que le travail improductif doit être mesuré dans le cadre de la plus-value totale. Mais, dit Paul, de nombreuses mesures du taux de profit des chercheurs ne tiennent pas compte des intérêts, des loyers et des bénéfices financiers qui font également partie de la plus-value totale. En termes marxistes, le taux de profit devrait être une mesure de la plus-value totale par rapport au capital avancé, et non au profit, tel que défini dans les statistiques capitalistes (???)

 

Paul a raison. En effet, c’est pourquoi j’utilise ce que j’appelle une mesure de «toute l’économie». Cela définit la plus-value (pour une économie nationale) en tant que revenu national brut annuel (moins la dépréciation annuelle des moyens de production) moins le coût des salaires et des avantages. Ensuite, pour obtenir le taux de profit, cette plus-value est divisée par le capital total avancé pour les moyens de production (immobilisations) et le capital circulant (matières premières ou stocks) dans les secteurs productifs et le capital variable (travail) dans les secteurs productifs (???)

 

Cela englobe ensuite la critique de Paul de certaines mesures qui excluent les loyers, les intérêts et les bénéfices financiers. À mon avis, tous ces éléments peuvent être mesurées pour fournir un taux de profit significatif à l’aide de statistiques officielles. Nous pouvons mesurer le capital «productif» et nous pouvons intégrer toutes les formes de plus-value. Et plusieurs chercheurs l’ont fait pour différents pays.

 

Ce qui appuie ces tentatives de faire l’impossible (de l’avis de Paul) sont les résultats. Cependant, une fois le taux de profit mesuré, la tendance générale est la même. Prenez la période d’après-guerre, en utilisant des statistiques officielles pour les États-Unis, vous pouvez mesurer le taux de profit de l’économie entière pour le secteur des entreprises uniquement, ou pour le secteur des sociétés non financières, ou même pour une définition plus précise des «secteurs» et la tendance générale est la même. Il y a eu un taux de profit élevé après 1945, qui dure jusqu’au milieu des années 1960. Ensuite, il y a une crise de rentabilité qui dure jusqu’au début des années 1980. Ensuite, il y a une reprise «néo-libérale» de la rentabilité qui se termine à la fin des années 1990 disons 2001. Après cela, le taux de profit ne revient pas au niveau des années 1990 et certainement pas à cela dans les années 1960. Je pense que ces mesures sont robustes (parce qu’elles sont similaires) et fournissent ainsi des validations puissantes de la loi de rentabilité de Marx. Elles ne doivent donc pas être rejetées, carelles contribuent à réfuter les théories alternatives des crises.

 

Oui, ces mesures ne sont que nationales et ne montrent pas le «taux de profit mondial», ce qui serait nécessaire pour valider pleinement la loi de Marx. Comme le dit Paul: «Une augmentation de la rentabilité du capital américain ne nous dit rien sur le taux de profit marxien ». Mais des tentatives sont faites pour mesurer un tel «taux mondial» par divers érudits, y compris moi. Ils sont en moyenne les taux nationaux, pas une solution idéale théoriquement, mais néanmoins, ils donnent des résultats similaires aux mesures américaines comme décrit ci-dessus. Paul dit que vous ne pouvez pas avoir un lien direct entre la rentabilité et l’investissement dans une économie capitaliste, car les retours d’investissement sur le marché boursier sont des reflets de capitaux fictifs (spéculatifs) et non le taux de profit sur le capital productif. Comme Paul cite un analyste des valeurs mobilières : «Le prix de la sécurité n’a pas de relation directe avec la plus-value produite par la main-d’œuvre productive». De toute évidence, les rendements du marché boursier peuvent varier considérablement du rendement du capital productif. Dans The Long Depression, et dans mon précédent livre, The Great Recession, je fais également ce point. Les dividendes et les gains en capital découlant des achats sur le marché boursier ne sont pas la mesure marxiste du bénéfice car ils sont faussés par le caractère fictif du capital financier. La plupart des bénéfices accumulés dans le secteur financier sont fictifs, en particulier les gains provenant des achats d’obligations d’État. L’emprunt du gouvernement et l’impression de l’argent fournissent un flux continu de bénéfices fictifs.

 

Mais cela peut être pris en compte et plusieurs chercheurs l’ont fait. Nous pouvons approfondir les données et commencer à montrer le lien de causalité clair entre le mouvement dans la rentabilité du capital dans les secteurs productifs, l’investissement dans le capital productif et la croissance économique – en effet, le mouvement dans la masse du profit dans une économie est un très bon guide de la probabilité d’une modification de l’investissement des entreprises et d’un ralentissement de la production capitaliste (The juros (!?) d’investissement GM Roberts HMNY avril 2017). L’autre interlocuteur du Forum de gauche, Jose Tapia, a montré exactement cela pour l’économie américaine (l’investissement call the tune may 2012 forthcoming rpe), ainsi qu’un document récent et complet de G Carchedi sur la loi et les crises de Marx.

 

Je pense donc que nous pouvons aller plus loin que simplement utiliser des preuves anecdotiques pour «illustrer» la loi de Marx sur les crises. Nous pouvons fournir des preuves solides basées sur des données empiriques robustes pour soutenir la loi de la rentabilité de Marx et sa relation avec les crises récurrentes sous le capitalisme. Oui, la tâche consistant à définir nos catégories et à ramasser les données afin de mesurer les choses avec précision est formidable. Mais personne ne prétend que la science est facile (et on se trompe souvent), mais je suis d’avis que ce n’est pas impossible.

 

De plus, il est nécessaire. Sinon, les théories alternatives à la théorie de Marx continueront à revendiquer la validité et à dominer. (4) Et ce sont de mauvaises nouvelles parce que ces théories alternatives fournissent des politiques qui visent à «gérer» ou à «corriger» le capitalisme plutôt que de le remplacer. Et ces politiques ne fonctionnent pas et ne fonctionneront pas dans l’intérêt de la majorité (la classe ouvrière) et perpétueront les iniquités et les horreurs du capitalisme.

 

Paul est également sceptique à propos de ma proposition selon laquelle il existe des cycles ou des régularités discernables dans l’accumulation capitaliste, bien qu’il reconnaisse qu’il y en ait ou non «peu importe d’un point de vue marxiste». Dans le prochain post, je traiterai La critique de mon point de vue sur les cycles dans le capitalisme tel que présenté par Jose Tapia, l’autre intervenant dans le pannel du Forum de gauche sur mon livre.

 

 

 

(1)   Source:   https://thenextrecession.wordpress.com/2017/06/05/paul-mattick-and-validating-marxs-law-a-critique-of-the-long-depression/  En raison de la pertinence scientifique pour le professeur marxiste Michael Roberts et ses travaux sur le Loi de La baisse tendancielle du taux de profit, cet article a été tout simplement traduit par un logiciel de traduction.

(2)   Nous avons repris la traduction. Les caractères gras, les italiques, et les notes sont de nous.  Robert Bibeau Éditeur  http://www.les7duquebec.com

(3)   Nous ne formulerions pas ce postulat de la théorie marxiste de cette manière idéaliste assurément.

(4)   Un autre formulation idéaliste d’un intellectuel marxien avec laquelle nous sommes en désaccord.

 

 

 

LE DÉCLIN DE L’IMPÉRIALISME CONTEMPORAIN

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Par Bibeau.robert@videotron.ca   © Éditeur  http://www.les7duQuebec.com

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La plus récente résurgence de la crise économique systémique du capitalisme date de 2008. Depuis, la crise s’approfondit, se généralise, se mondialise, et étend ses métastases dans tous les domaines de la vie économique, politique, idéologique, sociale, culturelle, diplomatique et militaire, dans toutes les sphères et sur toute la Terre. Les famines, les guerres génocidaires, les migrations meurtrières, les révoltes populaires, vite réprimées, se succèdent et ravagent les populations innocentes. C’est ce que les analystes, économistes et politiciens, ces thuriféraires à la solde du capital appellent la «mondialisation néolibérale» suivant  la « stratégie du chaos » soi-disant menée par des banquiers conspirateurs. Cette crise épisodique du système – du mode de production capitaliste – n’a pourtant rien de « libérale »,  et elle n’est pas le fruit d’une conspiration mondiale mais le résultat du développement normal de ce mode de production moribond qu’il faudra se décider à terrasser. Ce processus de dégénérescence inéluctable, la classe prolétarienne l’appelle LE DÉCLIN DE L’IMPÉRIALISME CONTEMPORAIN.

 

Quelles sont les sources profondes de cette crise systémique ? Quels en sont les protagonistes, les forces dynamiques, les tenants et les aboutissants évidents ? Qui tirent les ficelles en coulisses pour tenter de réchapper ce bateau ivre en perdition ? Quelles sont les rôles respectifs des banquiers, des financiers, des grandes corporations multinationales, des gouvernements, des consommateurs et des travailleurs au milieu de ce salmigondis et de cette anarchie incontrôlable ? Comment les marchés – la concurrence – les monopoles et les lois inexorables de l’économie politique capitaliste agissent-ils au sein de ce cataclysme ? Les capitalistes des pays sous-développés, que l’on disait néo-colonisés et que l’on dit maintenant « émergents » et les populations paupérisées de ces contrées ont-elles l’opportunité d’émerger et de se développer ? Développement pour qui dans ces pays « émergents » au capitalisme décadent ? Développement pour les paysans prolétarisés ou développement pour les bourgeoisies nationalistes compradores stipendiées, s’associant via les conseils d’administration transnationales aux anciens colonisateurs libéralisés-surarmés ?

 

Enfin, les gouvernements nationaux, ainsi que les organismes de gouvernance mondiale (FMI, BM, OCDE, OMC, ONU, OTAN, AEI, Alliance de Shangaï, etc.) parviendront-ils à réformer les lois de l’économie politique impérialiste afin de remettre le navire amiral mondial sur les rails et lui donner un nouveau souffle de croissance afin de rétablir la confiance et la puissance de l’État des riches dont se gargarisent les petits-bourgeois en voie de paupérisation accélérée ? Voilà quelques-unes des questions qu’aborde le volume  LE DÉCLIN DE L’IMPÉRIALISME CONTEMPORAIN.

 

Gratuit par téléchargement PDF.

CLIQUEZ :   Version française gratuite  www.robertbibeau.ca/crise2014.pdf

CLIQUEZ :   Version anglaise gratuite  THE DECLINE OF CONTEMPORARY IMPERIALISM http://www.les7duquebec.com/wp-content/uploads/2017/03/THE-DECLINE-OF-CONTEMPORARY-IMPERIALISM.pdf

CLIQUEZ :   Version italienne gratuite  www.robertbibeau.ca/declinoimperialismo2014.pdf

 

La prochaine crise systémique est déjà là.

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La prochaine crise systémique est déjà là. Le diagnostic géopolitique du Dr Benjelloun : La Crise en marche. 

 

Le FMI a récemment alerté les Usa sur la situation de leurs firmes dont le niveau d’endettement facilité par des taux d’intérêts très faibles risquent de compromettre la stabilité du système financier (1). C’est le cas particulièrement du secteur de l’énergie, de l’immobilier où la dette représente 4 à 6 fois les fonds propres. (2) L’actuelle reprise des forages pour exploiter le gaz de schiste au Dakota, au Texas et en Virginie avec de nouveaux prêts accordés bénéficie de la remontée du cours du baril depuis la restriction de l’offre mondiale résultant des accords Russie-Séoud pour l’OPEP.

 

La demande mondiale est atone, en accord avec la stagnation de la croissance mondiale. Un rebond de la consommation mondiale au deuxième trimestre est lié à un appétit plus important  de l’Inde en hydrocarbures, géant continental qui est totalement dépendant de ses importations. Un contrat de dix ans signé au 2016 avec la Russie pour 100 millions de tonnes livrables en 10 ans assurera son ravitaillement. Rosneft a de plus acquis Essar Oil, une raffinerie sur la côte Ouest de l’Inde d’une capacité de 400 000 barils/jour. (2’’)

 

L’énorme dette privée étasunienne s’est encore accrue avec des prêts à la consommation, hausse au recours aux cartes de crédit de plus de 4% (encours de 880 Milliards) et prêts automobiles et dette étudiante. Elle continue de reposer sur les emprunts des particuliers. Le crédit immobilier en constitue une part majoritaire (8400 milliards sur 12 600) mais il recule dans sa composition.

Les constructeurs automobiles voient leur chiffre de vente baisser en 2017 et leur prévision pour 2018 n’est pas meilleure. Le nombre de stock d’invendu n’a jamais connu un pic de cette ampleur et le prix de l’occasion s’affaisse. La bulle de 1100 milliards du prêt pour l’automobile, grandement encouragé par les incitations fiscales de l’administration précédente est près d’éclater. (3)

La dette étudiante a atteint 1480 milliards en avril 2017. Les frais de scolarité ont grimpé 4 fois plus vite que les prix à la consommation en 40 ans. Trois raisons se sont conjuguées, une forte demande, une baisses des aides des collectivités et des revenus moindres des fonds d’investissement des universités depuis la dernière crise de 2007. C’est l’État fédéral qui est prêteur à plus de 70% à ceux qui espèrent tirer de leurs titres universitaires une source de revenus. La rente de ce prêt figure dans ses revenus, au même titre que ses recettes fiscales en baisse continue. En avril 2016, selon le Wall Street Journal 22 millions d’Étasuniens étaient en retard de leur paiement et un emprunteur sur 6, soit 3,6 millions d’ex étudiants, est en situation de défaut sur sa dette . Il n’a effectué aucun remboursement depuis plus d’un an. 3 millions ont obtenu un rééchelonnement de leur dette. Cette situation illustre la stagnation du « marché du travail », avec un chômage des diplômés du supérieur qui suit la courbe générale du chômage. La contraction de leurs salaires de 8%, rend encore plus difficile le remboursement de leur dette.

 

La dette publique des Usa caracole cette année vers les 20 000 milliards de dollars, elle dépasse largement le PIB. Elle est grosse d’un problème majeur jusque là occulté. Il s’agit des ponctions réalisées par l’État fédéral dans les fonds de réserve de la Sécurité Sociale et des retraites pour son fonctionnement alors qu’il s’est amputé de ses ressources pour réduire les impôts payés par les firmes. (4) Il est estimé que si les taux de rendement des fonds de pensions publics se situent à un niveau de 4% et non de 7% comme tel qu’il est apprécié par leurs gestionnaires, le manque de provisionnement des rentes à servir est de 5000 à 8000 milliards de dollars et non de 2000. (5) Une armée de futurs retraités, celle qui aura survécu à la dépression et à la dépendance aux opioïdes, va s ‘apercevoir que ses cotisations n’ont été investi ni dans l’appareil productif ni dans les infrastructures ni dans l’éducation de ses enfants. Qu’il lui faudra continuer à travailler si elle trouve à s’employer dans les petits boulots.

 

L’instance capitaliste dominante est en quasi-faillite permanente. Elle semble dépendre de deux ingrédients, la dette et la guerre.Elle a vu fondre sa classe moyenne, passée de 54% à 50% en 20 ans avec de plus un revenu médian en baisse constante. (6) 70% du PIB est porté par la consommation, donc il lui faut s’endetter.

Ce que masque mal l’alignement de ces données c’est la rétribution plus faible des salariés et une distribution du revenu de la production en faveur du capital. Un taux de chômage savamment maîtrisé contracte la masse salariale autochtone et favorise l’extorsion de la plus-value. Un autre mécanisme intervient pour la contenir à ce stade du capitalisme mondialisé.

 

La concurrence salariale exogène.

 

A côté des déplacements d’unités de production vers des pays où la classe des travailleurs n’est pas organisée et n’a pas l’expérience des luttes accumulée depuis le triomphe du mode de production industriel capitaliste en Occident, un autre mécanisme la contient et la livre sans défense au capitalisme mondialisé.

L’impérialisme ne se contente plus de la liberté de circulation des capitaux et des marchandises.

Jusque là la main d’œuvre, source de plus-value à l’origine du profit était localisée à une nation. Ces trois dernières décennies se sont caractérisées par l’expansion de l’utilisation d’un salariat immigré dans les pays du Centre avec une accélération de ce phénomène depuis l’encouragement de mouvements migratoires liés aux guerres fomentés dans les pays périphériques. Cette mutation sociale a des conséquences sur la forme des antagonismes sociaux, leur expression politique, leur ‘ethnicisation’.

Trump a été élu sur la base de ses promesses intenables de fermer les frontières aux migrants mexicains et de restreindre sinon d’abolir les permis de travail HB1 pour les travailleurs qualifiés asiatiques et européens.

Le problème est configuré de manière analogue en Europe. L’agriculture californienne ne peut se passer des Mexicains illégaux. Le tourisme français incorpore notoirement des sans-papiers, de même pour le bâtiment et les travaux publics.

Il existe également une pression sur les salaires des travailleurs intellectuels en raison de l’emploi par les firmes (en particulier de la Silicon Valley) d’étrangers avec des visas HB1. (7)La concurrence de jeunes diplômés venus de pays tiers, l’Inde et la Chine fournissent moins, le différentiel des salaires et l’environnement sont désormais moins attractifs, reflète la division internationale du travail et l’existence de nations dominantes qui aspirent à elles à moindre coût toutes les ressources, y compris ‘humaines’.

Trump a été élu sur la base de ses promesses intenables de fermer les frontières aux migrants mexicains et de restreindre sinon d’abolir les permis de travail HB1 pour les travailleurs qualifiés asiatiques et européens. L’importation d’une main d’œuvre étrangère massive a été rendu possible par l’extrême prolétarisation des populations dans les pays périphériques en raison de l’échange inégal, économique et politique, imposé depuis la divergence installée au 19ème siècle. Elle est visible. Mal vécue par les couches sociales qui sont victimes de cette concurrence, elle est exprimée par des choix électoraux xénophobes.

Le problème est configuré de manière analogue en Europe. Le parti de la famille Le Pen n’a pas été porté au pouvoir car il est resté une entreprise familiale de peu d’envergure qui n’a pas convaincu des segments suffisamment importants du secteur financier.

 

Effacement des nations.

 

Ainsi, le capitalisme après avoir désagrégé les communautés rurales, dissous les corporations artisanales, aboli les frontières pour les capitaux après deux guerres mondialisées sur le sol européen pour le partage des marchés et des colonies, est en train d’effacer les nations. Les puissances impériales du siècle dernier avaient redessiné selon leur gré d’un coup de crayon et d’une règle les limites des pays qu’ils n’ont plus administrés directement. Progressivement, elles-mêmes se trouvent engagées dans un processus de disparition. Les unités capitalistiques parcellaires en raison d’un phénomène de concentration extrême tendent à devenir une seule entité. Si la Deutsche Bank tombe, c’est aussi la BNP, la Société Générale et beaucoup d’autres.

Les nations bourgeoises et jacobines surgies sous la pression d’une classe de marchands alliée à des monarchies absolues qui ont stérilisé les classes féodales n’ont plus d’autre raison d’être que le prélèvement de l’impôt pour servir les intérêts de sa dette auprès de ses prêteurs privés et assurer une fonction de surveillance et de répression policière voire armée (8) des populations. Les monopoles semblent suffire à la tâche. En Vingt ans, Google a absorbé près de deux cent sociétés dont les activités étaient voisines des siennes (9). Le partenariat récent avec Walmart pour lancer un commerce en ligne et rogner le périmètre d’Amazon la lance dans la concentration horizontale (10) et indique qu’il n’y a plus de limite aux tailles de telles monstrueuses entités.

L’uniformisation du monde est en cours par la domination sans précédent de quelques firmes qui infligent au marché mondial leurs produits ‘spécifiques’. Ils sont si peu spécifiques et si peu indispensables que la ponction prioritaire du profit va à leur « marchandisation », le discours et ses moyens de persuasion. La fabrication de la camisole idéologique et sa dispersion est elle-même une industrie à part entière avec son réseau d’ouvriers spécialisés, pourvus de compétences techniques en matière d’images, de films et de scénarisations et de tropes sophistes.

Leurs prouesses en particulier le retournement du sens des notions en leurs contraires sont appréciées par les commanditaires de psy-ops.

La rhétorique de la guerre préventive permanente et la libération de peuples qui subissent une destruction de leur pays et de leur mode de vie et de pensée lors de campagnes de bombardement en sont des produits dérivés.

Le système a un besoin vital pour sa dynamique d’une polarisation du monde et de sa représentation en deux zones ou catégories énergétiques. Sans l’existence de deux phases hétérogènes, pas de circulation, pas de marchandises, pas de profit.

Une fois réglée (en apparence seulement) la question du communisme par la disparition de l’URSS, Al Qaida a été remise en service. La création occidentale de cette nébuleuse qui allait porter un coup fatal à l’Urss en l’enlisant en Afghanistan et la prolifération de ses multiples avatars permet l’occupation militaire d’une zone charnière entre l’Orient et l’Occident. Les conflits de cette intensité sont le carburant indispensable à la Pax Americana, ventes d’armes et incitation à l’enrôlement par Facebook de clients au suicide pour « Allah » compris.

Mais ils sont aussi un accessoire plus que nécessaire pour susciter un antagonisme racial dans les contrées occidentales entre les ‘indigènes’ qui voient se rétrécir leurs privilèges de natifs de pays dominants et les importés plutôt basanés et souvent musulmans.

Le travail incessant des filiales sans nombre de l’institution Georges Soros en témoigne. Elles ne sont pas découragées par ce qui sert encore de cadre étatique en Occident alors que leur mode de financement est aisément consultable. L’Open Society irrigue aussi bien les Antifas à Charlottesville , le CCIF (11) en France que les organisations en faveur des migrants qui se révèlent être parfois de simples trafiquants d’êtres humains. (12)Il dispense ses deniers également aux mouvements d’extrême-droite, sans quoi le spectacle serait imparfait.

Le paradigme de la guerre permanente vécu dans leur chair par les peuples arabo-musulmans ne recouvre qu’imparfaitement celui du Monde (capitaliste) en Crise Permanente.

Les périodes de développement homogène inter-critiques sont révolues.

Les turbulences majeures- recherche éperdue du redressement des taux de profit en chute, comment vendre à une populace sous-payée, l’équation est aussi triviale, observables depuis plus de 20 ans ne peuvent faire ignorer une tentative de restauration de l’humanité dans un contexte qui privilégie son émancipation et d’abord de celui de sa reproduction, subsistance et éducation- transmission de savoirs et de croyances.

Elle persiste par endroit et ne cherche qu’à trouver moyen d’éclore.

La crise prochaine est déjà là, elle est permanente.

Badia BENJELLOUN

4 septembre 2017

 

  1. http://www.imf.org/en/publications/gfsr/issues/2017/03/30/global-financial-stability-report-april-2017 voir chapitre 1 pages 7 à 9
  1. http://www.businessinsider.fr/us/debt-credit-npl-10-anniversary-jim-cramer-cnbc-meltdown-2017-4/

(2’) http://www.lepoint.fr/economie/petrole-l-aie-releve-sa-prevision-de-demande-mondiale-pour-2017–13-07-2017-2142827_28.php

(2’’) https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/010187939150-rosneft-frappe-un-grand-coup-sur-le-marche-indien-2108746.php

 

  1. https://www.lesechos.fr/17/02/2017/lesechos.fr/0211808135967_le-buzz-des-etats-unis—alerte-sur-la-dette-des-menages-americains.htm#
  2. http://www.les-crises.fr/dette-intragouvernementale/
  3. http://www.zerohedge.com/news/2017-08-31/pension-ponzi-exposed-minnesota-underfunding-triples-after-tweaking-one-small-assump
  4. http://www.latribune.fr/economie/france/la-classe-moyenne-disparait-aux-etats-unis-beaucoup-moins-en-france-550359.html
  5. https://www.france-esta.fr/visa/h1b-travail/
  6. https://www.vox.com/policy-and-politics/2017/8/28/16214600/trump-police-military-sessions
  7. https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_acquisitions_de_Google
  8. http://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/walmart-et-google-annonce-un-partenariat-dans-le-commerce-en-ligne-1240721.html
  9. http://raton-laveur-l-aigle.hautetfort.com/george-soros-le-diable-s-habille-en-open-society/
  10. https://lecanarddechaineblog.wordpress.com/2015/09/17/trafic-trs-juteux-dtres-humains-financ-par-lopen-society-foundation-de-george-soros/

SALARIÉS CONGÉDIÉS = PROFITS PLUS ÉLEVÉS !?…

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Bibeau.robert@videotron.ca   Éditeur  http://www.les7duquebec.com

 

Le paradoxe des salariés congédiés et des profits plus élevés.

 

Récemment, notre webmagazine indiquait qu’année après année les milliardaires du monde entier (notamment ceux du CAC 40 en France) empochent des profits mirobolants pendant que le chômage sévit lourdement (1). En 2016, dans le monde, 1 700 milliards de dollars de dividendes ont été versés aux actionnaires. En 2016, 55,7 milliards d’euros ont été distribués en dividendes aux actionnaires du CAC 40. À contrechamp, en deux ans, en France, 407 usines ont été fermées (2014-2015), hécatombe qui rempile sur la destruction de 1,4 million d’emplois en 25 ans dans l’hexagone. Aujourd’hui, la France compte 6 612 700 chômeurs et travailleurs occasionnels précarisés, auxquels il faut ajouter 4 800 000 chômeurs invisibles qui ne sont pas comptabilisés dans les statistiques officielles (2). La situation est analogue dans la plupart des pays industrialisés dominants.

 

Paradoxal puisque les profits proviennent de la plus-value, la portion non payée du travail salarié. Moins de travail salarié aurait généré plus de plus-value et des profits plus élevés, comment l’expliquer ? Comment une production marchande déclinante peut-elle générer des profits en croissance ? Comment décrypter ce paradoxe ?

 

Hausse de productivité.

 

Si moins de temps de travail salarié a permis de produire globalement plus de plus-value (valeur ajoutée) et de générer des profits accrus au total, c’est que l’intensité du travail a augmenté. Chaque prolétaire a produit en moyenne davantage d’items ce qui fait que moins de salaires engagés (capital variable ou Cv) ont généré plus de valeur ajoutée et de valeur marchande commercialisée totale, chaque item valant moins d’argent cependant. En ce qui concerne la productivité, la France se situe dans le peloton de tête au niveau mondial. Avec des salariés qui rapportent 54,8 €/heure, la France est loin devant la moyenne européenne de 43,9 €/heure…et même devant l’Allemagne à 53,4€/heure. Le Canada se compare aux valeurs supérieures des pays européens (3).

 

Cependant, ces hausses de productivités ont un cout. D’abord, cette exploitation plus intensive de la main-d’œuvre entraine des couts plus élevés de reproduction de la force de travail ce que confirme la comparaison des salaires entre les pays de l’Union européenne. Dans l’UE, le cout du travail était, en 2011, pour les entreprises de plus de 10 salariés, de 23,1 euros de l’heure, avec de fortes disparités : de 3,5 € en Bulgarie à 44,2 euros en Norvège. Avec 34,2 euros de l’heure en moyenne, la France est dans le groupe de pays au « cout » du travail salarié élevé (4). Donc, une productivité plus élevée entraine des salaires plus élevés pour chaque ouvrier engagé quoique  moins élevé par unité de marchandise commercialisée. Ce que Marx avait subodoré en affirmant que ce sont les productivités faibles qui entrainent des salaires plus élevés par unité de marchandise commercialisée. Suzanne Berger donne l’exemple du fabricant de lunette italien « Luxottica ».  Elle compare les frais de production de trois usines (…) dans différents pays. Elle remarque que le cout de deux verres dans une usine chinoise est de 2,63 dollars, en Irlande de l’ordre de 2,49 dollars alors qu’en Italie avec un salariat plus couteux, le cout des verres n’est que de 1,20 dollar (5).

 

Conclusion, dans cet exemple c’est en Chine que les couts salariaux sont plus élevés comparer aux salaires pratiqués en France, en Irlande et en Italie. À la lumière de ces révélations doit-on croire les théoriciens de la délocalisation industrielle, de l’Europe et d’Amérique du Nord, vers les pays « émergents » aux salaires apparemment plus élevés ? Oui, mais en y apportant un complément d’information. Ces délocalisations ont lieu parce que les entreprises impérialistes occidentales qui délocalisent transfèrent avec elles leurs technologies de pointe à forte productivité. Contrairement à l’exemple Luxottica, généralement, l’ouvrier chinois ou indien formé, mécanisé, et mal payé est, pour un temps du moins, aussi productif que l’ouvrier occidental, le temps qu’il se mette lui aussi à réclamer des salaires lui permettant d’assurer la reproduction élargie de sa force de travail bien formée et surexploitée. Pas surprenant que la Chine soit confrontée à l’agitation ouvrière et aux grèves.

 

La part des salaires dans la valeur des marchandises.

 

Incidemment, un économiste comme Thomas Piketty pourrait rétorquer que la part du travail salarié dans le prix d’un produit fini est très faible. Dans l’automobile, la part du cout des salaires dans le prix d’un véhicule pour l’entreprise finale qui l’assemble et le commercialise est de 10% dit-on. Cette statistique est incomplète. C’est comme si on ne calculait, pour fixer le prix de vente d’un véhicule, que les couts du travail de finition oubliant les intrants et le travail en amont. Ainsi, le prix de chaque composant automobile inclut une part de salaire et une part de moyens de production, comprenant l’amortissement de la machinerie de plus en plus sophistiquée et couteuse, donc gorgée de salaires ouvriers. Pour calculer la part des salaires dans le prix final d’un véhicule il faut cumuler les salaires des mineurs, des cheminots, des fondeurs, des débardeurs, des soudeurs, des lamineurs jusqu’aux assembleurs, et tous les autres salariés qui participent à la transformation des intrants, y compris la fabrication des machines-outils robotisées qui ne font que transférer leur valeur (capital variable et capital constant) dans chaque unité de marchandise produite et commercialisée.

 

Incidemment, une hausse de productivité dans une quelconque étape du processus de fabrication se répercute dans l’ensemble de la chaine de production et bénéficie à tous les capitalistes de la chaine de production. C’est cela la « solidarité » capitaliste qui pourtant ne parvient pas à tuer la concurrence entre les chacals de la finance.

 

Surproduction et accumulation des invendus.

 

Cependant, le propre d’une innovation technologique est de se répandre dans l’ensemble d’un secteur industriel et/ou commercial si bien que cette productivité plus élevée devient bientôt la norme universalisée. Un peu comme la plus performante des ouvrières du textile, rémunérée à la pièce, fait monter la norme moyenne dans l’ensemble de l’atelier. Ces hausses de productivité recèlent une intensification de l’exploitation du travail salarié et les augmentations de profits s’expliquent par une diminution des couts de production. Au bout du processus, le salaire moyen stagne alors que les effectifs salariés diminuent compensés par une machinerie sophistiquée – robotisée – mais couteuse en salaire cumulé cristallisé. La production totale augmente (en valeur) alors que le cout de revient unitaire diminue et que la composition organique du capital augmente (du temps de travail cristallisé), les profits augmentent globalement, mais pas nécessairement le taux de profit moyen puisque cet afflue soudain de marchandises – moins coûteuses -, déversées sur un marché atrophié (conséquence d’une masse salariale anémiée) impose une pression supplémentaire à la baisse sur les prix et les taux de profits. À la limite, le capital ne parvient plus à se « réaliser » dirait Marx, à se matérialiser en plus-value et nouveau capital productif susceptible d’être valoriser. C’est l’ensemble du cycle capitalistique qui se trouve enrayé, assurance absolue d’une prochaine crise économique systémique qui serait en cours selon nombre d’économistes (6).

 

Et aux banquiers vous y avez pensé?

 

De plus, ces hausses de productivité entrainant momentanément une hausse de profitabilité ne sont valables que pour les entreprises industrielles, du transport et pour les firmes commerciales productrices de plus-value (valeur ajoutée). Les fonds de placement, les banques, les assurances et autres requins de la finance n’ont accès à cette masse de profits amplifiée que de manière détournée, via les marchés boursiers comme nous le verront dans la suite de ce papier. Évidemment, si les financières peuvent réduire leur masse salariale, voilà autant d’argent épargné pour rétribuer le capital emprunté d’où les congédiements massifs dans les secteurs tertiaire et quaternaire bancaires. Cependant, depuis quelque temps, l’intérêt sur épargnes étant décevant, les grandes multinationales industrielles et commerciales font des efforts pour s’autofinancer et s’affranchir de l’emprise des banksteurs spéculateurs ce qui rend l’accaparement de la plus-value industrielle de plus en plus ardue pour les boursicoteurs agités sur les parquets boursiers.

 

Tesla, la grenouille plus grosse que GM !

 

Banquiers et financiers ne baissent pas les bras pour autant et développent de nouveaux « produits financiers » afin de participer eux aussi à la curée des profits débridés. En avril 2017 l’Agence France Presse (AFP) a publié un communiqué sur la Société automobile Tesla de Californie « Tesla a atteint 51,6 milliards de dollars US (48.7 milliards d’euros) de capitalisation boursière. Ce niveau lui a permis de dépasser le premier constructeur américain General Motors (GM) valorisé à 50,2 milliards de dollars. Si les investisseurs parient sur les nouvelles technologies, cela ne reflète pas le rapport de force entre les deux groupes. En 2016, le Californien a produit 84 000 véhicules pour un chiffre d’affaires de 7 milliards de dollars, contre 10 millions de voitures pour GM et plus de 166 milliards de dollars de revenus. La part de marché de l’entreprise de Détroit est de 17,3% contre 0,2% pour Tesla. » (7)

 

Sachant que pour produire de la plus-value et des profits il faut produire de la valeur. Sachant que Tesla, capitaliser (endettée) à 7 fois la valeur de ses ventes, a produit pour 7 milliards de dollars de valeur et que GM, capitaliser (endettée) à 33% de la valeur de ses ventes, a produit pour 166 milliards de valeurs quelle entreprise risque de rapporter le plus de dividendes à ses actionnaires ? Il est évidemment possible que GM, qui a produit beaucoup plus de plus-value, distribue moins de dividendes à ses actionnaires, la grande part de ses bénéfices servant à rembourser sa dette, ou encore, que la firme de Détroit préfère conserver des liquidités en prévision d’investissements futurs ou pour parer à une OPA inamicale. Il est cependant évident que Tesla ne pourra assurer un dividende intéressant à partir de ses ventes même s’ils sont en forte croissance. Ce constat étant établi il faut savoir que le rendement n’est qu’un calcul mathématique allant comme suit : montant du dividende, divisé par le niveau du cours de l’action au moment du versement. Le montant du dividende et le cours de l’action influencent donc le rendement. Le dividende peut être fort, et le cours être faible. Si le cours d’un titre chute rapidement, et si le dividende reste fixe, le rendement s’envolera alors même que l’action sera à liquider. Prenons l’exemple d’une société distribuant un dividende de 3 euros. Si l’action cote 96 euros, le rendement sera de 3,125%, soit dans la moyenne. Mais si l’action chute fortement à 57 euros à cause de rumeurs sur l’endettement trop important, le rendement s’envolera à 5,26%. L’entreprise n’y aura toutefois pas gagné en attractivité au contraire et il est à parier que les actionnaires chercheront à se départir du titre faisant chuter son cours. Comment expliquer ce paradoxe boursier où une valeur attractive s’effondre à cause de son attractivité ? Et surtout comment comprendre que des investisseurs participent à ce coup de poker financier risqué ?

 

La Pyramide de Ponzi financière.

 

Imaginons un grand fonds d’investissement multinational, administrant les fonds de retraite, les assurances et les épargnes de millions d’individus dont les profits mirobolants des CAC 40 que nous avons vus exposés précédemment. Cet argent, qui n’est pas encore du capital productif, du moins tant qu’il n’a pas trouvé à se placer pour se valoriser à travers l’actif financier d’entreprises productives. Ce fonds de placement gorgé d’argent lance donc une opération d’investissement en direction de Tesla, une entreprise prospère, versant un bon dividende, ayant des projets d’expansion et bénéficiant d’une bonne réputation de gestion. Au début, les actions sont acquises à un prix raisonnable, mais plus l’investissement s’accumule plus le prix de l’action grimpe. L’opération savamment publicisée attire l’attention de petits spéculateurs ayant eux aussi des profits en jachère boursière à valoriser, quand ce ne sont pas des investisseurs qui iront jusqu’à emprunter pour acheter de la valeur boursière fictive. Le prix de l’action – indice de sa valeur – du groupe Tesla grimpe en flèche alors qu’aucune valeur ni aucune plus-value n’est produite. Cette activité boursière spéculative fonctionne sur le principe de la Pyramide de Ponzi, chaque nouvel investisseur garantissant la valeur des actifs des investisseurs précédents sous condition du recrutement de l’investisseur subséquent jusqu’au rapport financier suivant où tous se rendent compte que l’action a grimpé, mais que les rendements sont décevants ce qui ne peut aller autrement étant donné le taux d’endettement (700% de la valeur des ventes). S’ensuit un vent de panique où chacun tente de se départir de ses actifs au plus vite alors que personne ne veut acheter des actions plombées d’où l’effondrement de la valeur que les premiers investisseurs qui se sont retirés du marché bien avant le dépôt du bilan peuvent racheter à vils prix sachant que l’entreprise peut rebondir sous un nouveau président. Ou alors, le grand fonds de placement range ses billes et cherche un nouveau placement spéculatif tout aussi lucratif alors que nombre d’investisseurs comptabilisent leurs pertes comme la Caisse de Dépôt du Québec qui décaissa 40 milliards de dollars en 2008 suite à l’arnaque des « subprimes » aux États-Unis. Ainsi, on apprenait en aout 2017 que la firme Amazon, plateforme numérique de services de distribution en ligne valait soudainement plus de 500 milliards de dollars US.  Une entreprise qui produit bien peu de plus-value pourtant, mais qui sait capter la plus-value produite par les compagnies productrices lors du processus de commercialisation des marchandises. Tant que le crédit est florissant, l’action des marchands est garantie…après ce sera à vos risques et périls.

 

La concentration inévitable du capital.

 

C’est ainsi que tout naturellement l’argent s’accumule et se concentre entre quelques mains (2000 milliardaires dans le monde) au sommet de la pyramide bancale du capital, non pas par mauvaise foi de capitalistes inconscients, mais par le fonctionnement mécanique du mode de production capitaliste en phase impérialiste. Le capitaliste financier qui n’appliquerait pas ces méthodes de gestion pour valoriser l’argent dont il a l’administration et en faire du capital « rentable » serait écarter de l’administration des fonds de placement. Les altermondialistes et les gauchistes qui réclament une plus juste distribution de la richesse sociale sont les nouveaux prêtres qui supplient le ciel de venir au secours des naufragés salariés.

 

L’État fétiche.

 

Face à ce trauma, cette iniquité sociale, la go-gauche réformiste, pleurniche et réclame à cor et à cri l’intervention de l’État de justice (sic). Chaque secte gauchiste, altermondialiste ou réformiste, a sa solution étatique pour mettre fin à ces malversations des riches. Nombreux sont ceux qui cherchent des solutions corporatistes dans le discours des polichinelles politiques et des critiques contre le capitalisme que Mélenchon leur sert à profusion. Sachez qu’Hitler, avant sa nomination en tant que chancelier allemand, déclamait des diatribes virulentes contre les financiers germaniques voraces et le Parti national-socialiste présentait un programme visant à mettre au pas les financiers trop gourmands. On sait ce qu’il en fut une fois élu. Tous les politiciens bourgeois de gauche comme de droite font de telles promesses, y compris Donald Trump.

 

La résistance du prolétariat.

 

Le prolétariat mondial qui a compris qu’aucune solution ne viendra des dieux de la peste du capital, ni de leur état-major politique, répudie ces mascarades électorales opposant la gauche et la droite bourgeoises. Ensuite, le prolétariat poursuit sa guerre de classe là où ça compte vraiment, sur les lieux de travail et dans les quartiers. Il ne compte que sur lui-même pour défendre ses conditions de vie et de travail. Et c’est très bien ainsi. Espérons que les manifestations de la colère en septembre à Paris donneront lieu à des actions plus conséquentes et convaincantes que des parades syndicales dans les rues de France.

 

 

NOTES

 

 


ACTUALISATION DU MATÉRIALISME DIALECTIQUE OU LE MARXISME AU XXIe SIÈCLE

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Bibeau.robert@videotron.ca          Éditeur  http://www.les7duquebec.com

 

Sciences pures et sciences sociales, métaphysique et ontologie.

 

Imaginez que tous les astrophysiciens internationalement reconnus, dont quelques sommités nobélisées, ne seraient jamais parvenus à faire décoller une seule fusée. À chaque tentative avortée les astronautes seraient décédés dans leurs vaisseaux-tombeaux. Croyez-vous que ces astrophysiciens, ingénieurs et techniciens conserveraient une quelconque crédibilité, une quelconque notoriété ?

Pourtant, aucun économiste bourgeois nobélisé et sacralisé ne parvient à anticiper ce qu’il adviendra suite à la crise économique systémique de 2007-2008. Ils ne parviennent même pas à s’entendre sur le prédicat d’une crise qui perdure ou d’une reprise qui s’amorce. Toutefois, la go-gauche bourgeoise joue son rôle de propagandiste et de fumiste et offre ses tribunes à l’un ou à l’autre de ces experts ébaubis se manifestant devant des assemblées de militants ébaudis.

 

Démonstration, il y a quelque temps se tenait à la prestigieuse Sorbonne de Paris une conférence de maitre Rémi Herrera, chercheur au CNRS, sur le thème « La maladie dégénérative de l’économie : le néoclassicisme » dans le cadre d’un séminaire intitulé, « Marx au XXIe siècle ». Le savant s’est commis d’une tentative d’« actualisation » de la pensée marxiste en économie politique. Étant donné que le maitre ne maitrisait pas vraiment son sujet, le pauvre hère errait, sans comprendre qu’il desservait la cause qu’il prétendait défendre. (1)

 

D’entrée de jeux, le professeur du Centre National de Recherche Scientifique y est allé de deux faussetés pour conclure par un sophisme avéré. Il a posé le postulat que la Chine, pays économiquement prospère, comprend des composantes capitalistes, mais surtout des composantes socialistes. Ensuite, il a affirmé que la Chine nourrit convenablement 22 % de la population mondiale (1,3 milliard d’individus). Il en a conclu que ce sont les preuves indubitables que seul le socialisme peut assurer une telle performance et que le capitalisme n’y réussirait jamais.

 

À long terme, un mode de production par pays, le même dans tous les pays.

 

Si le chercheur connaissait l’économie politique marxiste, il saurait que selon la théorie marxiste deux modes de production antagonistes ne peuvent survivre ou cohabiter sur un territoire national donné sans se phagocyter. C’est toujours le mode de production le plus performant qui absorbe le moins productif. C’est une loi de l’économie politique marxiste. Incidemment, c’est parce que le premier mode de production ne suffisait pas à la tâche, ne remplissait plus sa mission historique que le second mode de production (de remplacement) a surgi, né des contradictions insolubles du premier. S’il était vrai que l’économie chinoise comprend des composantes capitalistes et d’autres socialistes, et s’il est vrai que ces deux modes de production sont différents, alors le plus performant – efficace – productif – absorbera le moins productif, le moins efficient. Comme le duel « camp socialiste » contre « camp capitaliste occidental » l’a prouvé durant la guerre froide (1945 – 1991) l’économie capitaliste financière privée a absorbé l’économie capitaliste industrielle socialiste (étatique), attestant d’autant du plus performant.

 

Ensuite, monsieur Herrera ne semble pas savoir que la misère est grande en Chine, que chaque année des milliers de grèves sauvages éclatent mettant aux prises des millions de prolétaires surexploités, sous-payés, précarisés contre des fonctionnaires véreux, stipendiés par des hommes d’affaires mafieux. Le chercheur semble ignorer que des millions de paysans expropriés sont chassés de leurs terres et souvent sans dédommagement. Ils vont grossir les bidonvilles en périphérie des zones franches (hors taxes pour les multinationales impérialistes). Enfin, le théoricien semble ignorer que cette misère sociale cohabite de plus en plus difficilement avec l’exubérance d’une classe bourgeoise « émergente » composée de milliardaires florissants et de toute une frange de petit-bourgeois gourmande. Cependant, nous des pays capitalistes avancés savons mieux que quiconque ce qu’il adviendra de ces petits-bourgeois – bobos et thuriféraires – lors du prochain cycle de crise économique. Ils se retrouveront précarisés et paupérisés comme ces millions de paysans chinois prolétarisés qui sont forcés de migrer d’une région à l’autre de la Chine « émergente » capitalisante à la recherche d’un emploi infamant.

 

Économie socialiste – capitaliste d’État – mode de production communiste.

 

Le chercheur du CNRS s’embourbe ensuite dans la caractérisation de ce qui caractérise une économie socialiste et le mode de production communiste prolétarien. Disons d’abord que selon Marx le mode de production socialiste n’existe pas. Selon Marx le mode de production capitaliste ayant atteint son point culminant, celui où ses contradictions internes auront atteint un point de non-retour, et où ce mode de production aura harnaché la totalité des forces productives qu’il sera capable de valoriser (faire produire de la plus-value) alors, ce mode de production s’écroulera sous le poids des forces insurrectionnelles antagonistes. De cette anarchie destructrice surgira le mouvement révolutionnaire prolétarien qui construira un nouveau mode de production révolutionnaire, le mode de production communiste prolétarien.

 

Le mode de production communiste prolétarien.

 

Mais surtout, pour les marxistes, le mode de production communiste ce n’est pas la nationalisation ni la planification de l’économie par l’État, non plus que l’équité dans la distribution des marchandises et le capital accumulé. Pour les marxistes le mode de production communiste prolétarien c’est l’abolition de l’économie marchande, de la propriété des moyens de production, d’échange et de communication, c’est l’abolition du salariat, de l’argent, de la bourse et des banques, c’est l’extinction de l’État, et la fin de la séparation des producteurs de leurs moyens de production (aliénation originale selon Marx), et la fin de la séparation entre la ville et la campagne (aliénation fondamentale selon Marx). Bref, l’économie socialiste plus ou moins étatique, nationalisée et planifiée, ce n’est ni une condition, ni la réalisation du mode de production communiste prolétarien.

 

Notez que Marx a bien tenté de décrire sommairement la façon que les sociétés capitalistes passeront d’un mode de production à l’autre, mais ces supputations sont parmi ses passages les plus abscons et nous conseillons aux lecteurs de ne pas s’y attarder. Le passage d’un mode de production à un autre sera l’œuvre de ceux qui vivront cette phase historique longue et complexe, totalement inédite, vraiment exaltante et pour laquelle les prolétaires révolutionnaires ont encore du temps devant eux.

 

Le capitalisme d’État socialiste.

 

Depuis la révolution bolchevique en Russie, les léninistes ont imaginé une longue phase transitoire de passage systémique du mode de production capitaliste déchu au mode de production communiste promu, sous la dictature du prolétariat ont-ils prétendu. C’est alors que fut inventé le mode de production de transition socialiste, passage étatique aménagé entre le féodalisme et le communisme sans passer par le capitalisme. (2) Pourtant, depuis ce temps, aucun pays n’a même approché de cette situation de transition entre le mode de production capitaliste, ayant atteint son apogée dégénératif, et le mode de production communiste, contenu en germe au sein même de l’ancien système, présentant son surpassement prédisait Marx. Ni l’URSS, ni la Chine, ni le Vietnam, ni Cuba, ni la Corée du Nord pour ne citer que les exemples que le poncif présente à l’appui de sa théorie. Pas même la Roumanie de Ceausescu, le génie des Carpates (sic), ni la Yougoslavie autogestionnaire de Tito, ni l’Albanie économiquement arriéré de ce bon Enver Hodja du pays des aigles, n’ont approché des conditions de haute technologie, de productivité économique et d’hégémonie financière permettant d’entrevoir la fin du capitalisme-socialiste et l’avènement du communisme. Contrairement à ce que prétendait Lénine en 1916, le mode de production capitaliste, qui amorçait à peine sa phase impérialiste ascendante, n’avait pas terminé de harnacher toutes les forces productives qu’il était assez large pour contenir – c’est-à-dire accumuler le capital à valoriser. L’état archaïque des économies féodales chinoises, indiennes, africaines, Est-asiatiques de cette époque (1916) aurait dû suffire à le convaincre. (3)

 

Le capital financier hégémonique.

 

Mais reprenons le fil de l’exposé du scientifique du CNRS. Il annonce qu’il a découvert deux éléments qu’il a consignés dans son livre : 1- le premier tient au fait que la fraction dominante du capital, la fraction du capital financier, imposerait au monde entier ses lois et sa destinée. Pourtant, selon la théorie marxiste il n’existe pas trois fractions capitalistes monopolistes, l’une industrielle, l’autre commerciale et la troisième financière bancaire et boursière comme les économistes de gauche le prétendent. Depuis Lénine nous savons que le capital industriel – commercial et bancaire a fusionné à la bourse pour ne former qu’un seul capital international, le capital financier mondialisé hégémonique. (4)

 

La métaphysique « scientifique ».

 

Poursuivons notre investigation des idéations du chercheur marxiste. Maitre Herrera dévoile la deuxième découverte consignée dans son livre : 2- il y aurait des « problèmes dans les modèles économiques du néoclassicisme imposé par la pensée mainstream dominante, des problèmes théoriques nombreux et graves qui empêchent les économistes de comprendre la crise et de la résoudre » (5). Réglons rapidement un différend qui nous oppose ici au penseur marxiste. Marx a moult fois redit qu’il est impossible de résoudre la crise systémique du capitalisme et nous sommes en phase avec Marx sur ce point. Résoudre les maux du capitalisme moribond demandera davantage que des mots, une révolution sociale.

 

Nonobstant cela poursuivons avec le professeur qui identifie trois points d’articulation qui font défaut selon lui :
A) macro-et-micro-économie. B) Articulation entre économie et politique. C) Articulation entre économie et philosophie de l’éthique ontologique qui fonde l’économie néoclassique.

 

Inutile d’aller plus avant, les découvertes du professeur économiste « marxisant » sont de la même eau que distillent les économistes bourgeois qu’il critique. Les économistes bourgeois contemporains pratiquent la science économique comme les astrologues métaphysiciens théologiens pratiquaient la science au Moyen-âge. Au lieu d’ausculter le monde réel qui les entoure, les économistes néolibéraux cherchent dans les dogmes et les livres « savants » la réponse à leurs interrogations. Prenons un exemple concret. Il est indéniable que le grand capital ne renonce à aucune malversation pour échapper à l’impôt en dissimulant ses profits dans les paradis fiscaux. Mais ce comportement économique pragmatique n’est pas une conséquence du problème de « l’articulation entre philosophie de l’éthique ontologique et économie néoclassique ». Il est tout aussi indéniable que les programmes et mesures politiques des gouvernements servent les intérêts des milliardaires et du grand capital corporatif, mais ce comportement des fonctionnaires politiques du capitalisme ne procède pas d’une mauvaise « articulation entre économie et politique », ces pratiques en constituent la matérialisation pratique.

 

En d’autres termes, ce n’est pas l’idéologie « néoclassique et néolibérale » qui manipule et triture la conjoncture économique contemporaine, mais ce sont les lois de la production capitaliste des biens et des services, permettant d’assurer la valorisation (reproduction élargie du capital) qui force les capitalistes à devenir inventifs en matière d’efficience fiscale; les contraignants à orienter leurs larbins politiciens vers des politiques d’austérité et les incite à subventionner les recherches sur les politiques néolibérales et néoclassiques du CNRS (sic).

 

Comme les véritables scientifiques astrophysiciens, physiciens, ingénieurs et chimistes l’ont compris et l’appliquent ce n’est pas leur orientation idéologique, religieuse, ou ontologique qui oriente leur recherche et leurs travaux scientifiques, mais la réalité concrète qui les entoure et qu’ils auscultent, quitte parfois à se laisser aller à formater et à vulgariser cette science qu’ils produisent sous la forme de théories carrément ascientifiques ou plus souvent approximatives comme l’origine divine de la vie; la Terre centre de l’univers; le Bigbang original; le darwinisme; la relativité, etc. Depuis Marx le monde des sciences sociales et économiques a la chance de répudier les théories contre scientifiques sur lesquelles reposent les spéculations des spécialistes et de s’adonner aux véritables sciences sociales et économiques matérialistes dialectiques, mais pour ce faire les chercheurs doivent se rappeler que les théories formalisent la réalité, elles ne l’inventent pas, elles ne modifie même pas la réalité. Un chercheur « marxisant » qui l’oublie risque de régresser plutôt que d’actualiser la science matérialiste dialectique marxiste. (6)

 

 

NOTES

 

  1. Rémi Herrera.  (2015) La maladie dégénérative de l’économie : le néoclassicisme Delga. Paris. À voir sur Vimeo  https://vimeo.com/119639904
  2. D’où le texte de Lénine L’État et la révolution publiée en 1917.
  3. Lénine   L’impérialisme stade suprême du capitalisme. 1916. Éditions sociales.
  4. Lénine   L’impérialisme stade suprême du capitalisme. 1916. Éditions sociales.
  5. Rémi Herrera (2015). La maladie dégénérative de l’économie : le néoclassicisme . Delga éditions. https://www.decitre.fr/livres/la-maladie-degenerative-de-l-economie-le-neoclassicisme-9782915854732.html
  6. Robert Bibeau (2017)  Question nationale et révolution prolétarienne sous l’impérialisme moderne.  L’Harmattan. Paris. COMMANDER SUR AMAZON

https://www.amazon.ca/Question-nationale-r%C3%A9volution-prol%C3%A9tarienne-limp%C3%A9rialis/dp/2343114749/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1496234995&sr=8-1&keywords=Robert+Bibeau

 

 

 

 

A quand l’éclatement de la prochaine bulle mondiale et de la zone euro?

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Par Frank Pengam.  Le 20.04.2018.  Sur Agoravox. 
Nombre d’entre nos lecteurs se demandent quels motifs expliquent  l’évolution chaotique – incompréhensible – invraisemblable même – de la politique mondiale. Les hommes politiques jouent aux apprentis sorciers, les généraux jouent avec la bombe, les milliardaires jouent avec le numéraire, la populace, passive, regarde faire impuissante, incrédule, atavique, résignée, sachant bien qu’elle ne peut s’objecter ni par pétition ni par élection. On ne lui a jamais demandé son avis et les prochaines élections bidon seront semblable aux précédentes – une forfanterie. Prenez la peine de lire le texte qui suit qui bien que difficile à comprendre révèle le motif profond de cette agitation. Plus personne ne maitrise l’économie (surtout pas la bourgeoisie) et notre avenir collectif semble se jouer à la roulette capitaliste. Voilà camarades français les raisons des réformes Macron, de même pour  tous les autres prolétaires d’Occident.  Robert Bibeau.  http://www.les7duquebec.com

La zone euro sur la sellette

Bridgewater, le plus gros hedge fund (fonds d’investissement — gère 160 Mds $ d’actifs) du monde a misé 22 Md $ contre la zone euro : les positions à la baisse (« vendeuses  ») du fonds prouvent qu’il parie contre de nombreuses entreprises européennes (Airbus), allemandes (Siemens, Deutsche Bank) françaises (Total, BNP Paribas) et italiennes (Intesa Sanpaolo, Enel et Eni), entre autres. La société n’est pas connue pour s’attaquer à des entreprises en particulier, mais plutôt pour parier sur la santé de l’économie en général.

 

Depuis 2011, 4 000 Mds € ont été injectés dans la zone euro (c’est-à-dire au sein des banques commerciales) par la Banque Centrale Européenne (BCE), ce qui représente plus d’un tiers du PIB de la zone. La majorité de cette monnaie se situe principalement en Allemagne et au Luxembourg, pays qui, vous en conviendrez, ne sont pas les plus en difficulté de la zone. Plus grave, une grande partie de ces liquidités n’ont pas financé l’économie réelle par le biais du crédit aux particuliers et aux entreprises. À la place, les banques commerciales ont épargné 2 000 Mds € de cet argent frais sur leur compte à la BCE jusqu’à fin 2017 (contre 300 Mds € début 2011) pour « respecter leur ratio de liquidité » (avoir suffisamment de dépôt en cas de crise de monnaie liquide). Comme aux États-Unis, l’assouplissement quantitatif a permis à la banque centrale de renflouer les banques privées en rachetant leurs créances. Autrement dit, les dettes du secteur privé sont payées par le contribuable sans aucun retour sur investissement. Parallèlement, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a lancé un appel en faveur de moins de régulation et plus de fusions-acquisitions bancaires dans l’UE, en prenant pour modèle… le secteur bancaire US.

 

La BCE prévient aussi que la zone euro risque carrément d’éclater à la prochaine crise si elle n’est pas renforcée. Autrement dit les États membres doivent d’ici là réformer leur économie, dégager des marges budgétaires et intégrer les marchés et les services à l’échelle de la zone pour mieux absorber les pertes potentielles sans faire appel aux contribuables. Un instrument fiscal comme un budget de la zone euro contrôlé par un ministre des finances européen, comme le défend le président Emmanuel Macron, aiderait également à faire face à un choc économique majeur qui semble inévitable. Autant dire que cela s’avère problématique au vu du peu de consensus sur le sujet et notamment une frilosité allemande. La Banque centrale européenne a émis l’idée fin 2017, prévue de longue date par les économistes sérieux, d’abolir la limite de 100 000 € garantis en cas d’opération de sauvetage ou de faillite bancaire (Faits & Document n° 443, 15/11/17–15/12/17 p.8 et 9).

 

La Bundesbank juge également que l’économie allemande est plus fragile qu’il n’y parait, avec des prix immobiliers survalorisés de 15 % à 30 % et des banques parmi les moins rentables du continent avec un rendement des actifs parmi les plus bas et un ratio coût/bénéfice parmi les plus élevés de la zone euro (74,9 %). En lien, le rapport confidentiel gouvernemental allemand Prospective stratégique 2040 a été révélé par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel  : le Ministère fédéral allemand de la Défense a officiellement entériné la possibilité d’un effondrement de l’UE (!)

 

Fin 2017, le solde Target 2 de l’Allemagne a dépassé les +900 Mds €, un record depuis la création de l’euro. Ce terme de Target 2 traduit, entre autres, l’état des balances des paiements courants intra-zone euro, et donc dans notre cas, le solde de la balance de l’Allemagne sur les autres pays membres. Si la France est presque à l’équilibre, le solde négatif de l’Italie avoisine les -450 Mds € et celui de l’Espagne les -400 Mds €. La classe politico-financière germanique est très inquiète des capacités du bilan de la Bundesbank à absorber les créances (douteuses) des autres banques centrales des pays du sud de l’Europe.

 

Le parti politique Union Populaire Républicaine a traduit un article du journal allemand Die Welt (15/03/18) traitant d’une récente conférence à Berlin, réunissant plusieurs économistes allemands célèbres. Le thème de la conférence annonce la couleur : « L’euro peut-il vraiment survivre et, sinon, que va-t-il se passer ? ». C’est la viabilité de la monnaie unique et l’asymétrie des soldes Targets qui y ont été questionnées. M. Fuest, n°1 du prestigieux institut d’études économiques Institut für Wirtschaftsforschung (IFO), y a plaidé pour l’introduction d’une clause de sortie de la monnaie euro. Hans-Werner Sinn, ancien patron de l’IFO a y notamment déclaré : « Je ne sais pas si l’euro va tenir dans la durée, mais son système de fonctionnement est condamné. »

 

Les conséquences inéluctables de l’économie financiarisée

 

C’est la seconde fois en un siècle que l’indice de Shiller (qui analyse les probabilités de bulles financières) dépasse son record : la dernière fois qu’un tel niveau d’euphorie boursière avait été atteint, c’était juste avant le krach de 1929, soit la plus grande crise économique du XXe siècle. Des points communs avec l’avant-crise de 2008 sont également à signaler. La Banque des règlements internationaux (« la banque centrale des banques centrales »), la Banque d’Angleterre et le célèbre gestionnaire de fonds Neil Woodford relèvent des signaux économiques inquiétants dans le monde : surchauffe des marchés financiers, dette des consommateurs et des devises et actifs financiers surévalués. Tandis qu’une énième étude prouve que les inégalités socio-économiques et la concentration des capitaux se sont accrues dans le monde entier ou presque depuis plus de 30 ans, selon un rapport du World Wealth and Income Database (travail collectif de plus d’une centaine de chercheurs).

 

Suite à la chute récente et vertigineuse du dollar (une baisse comme on n’en avait pas constaté depuis 2003), les banquiers centraux auront besoin de désigner un responsable pour se dédouaner en cas d’éclatement de bulle, qui serait concevable à court terme. Certains analystes postulent même que la Réserve fédérale des États- Unis a désormais son excuse pour augmenter ses taux d’intérêt rapidement maintenant que le dollar chute, pour que cette bulle explose rapidement sous l’administration Trump. En 2018, le cours du dollar a perdu 4 % de sa valeur par rapport aux six principales devises mondiales et la tendance continue. Le FMI avait d’ailleurs assuré au dernier Forum économique mondiale (ou forum de Davos), que la prochaine crise frappera plus fort et plus tôt que prévu. De même que l’augmentation importante de la cotation de l’or ne laisse présager rien de bon pour l’économie internationale.

 

Patrick Artus, économiste directeur de la recherche et des études de Natixis, montre dans une récente étude que les économies développées de l’OCDE sont entrées dans la dynamique finale décrite par Karl Marx. La baisse du rendement du capital s’accroît (les investissements rapportent de moins en moins) et les baisses de salaires pour compenser le phénomène commencent à s’essouffler. Les opérations spéculatives (rachat d’actions, spéculations immobilière et financière, achats d’actifs risqués, bitcoins, etc.) explosent, car la productivité réelle ne suffit plus. Les prochaines étapes se résumeront donc en une hausse des inégalités de revenu et une énorme crise financière, selon Artus et Marx.

 

 

Franck Pengam, Avril 2018.

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